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Cinq jours sur sept, de 9 heures à 14 heures, Brady Perry répète ses gammes « dans le meilleur groupe d’entraînement au monde ». Au sein du Pure Athletics National Track Club de Clermont (Floride), le sprinteur américain de 24 ans côtoie Noah Lyles, auréolé du titre d’homme le plus rapide du monde depuis sa victoire sur le 100 m olympique de Paris 2024, dimanche 4 août. Mais aussi Nick Mayhugh, le « Usain Bolt paralympique », très attendu dans la capitale française pour les Jeux paralympiques (du 28 août au 8 septembre), après ses trois titres (100 m, 200 m et relais universel 4 × 100), assortis de deux records du monde à Tokyo 2021, dans la catégorie T37 (paralysie cérébrale).
Contrairement à ses deux compères, Brady Perry, spécialiste du 400 m, ne peut prétendre à ces prestigieux rendez-vous planétaires. Outre un meilleur chrono, cette année, encore trop modeste (51 s 73), la surdité congénitale bilatérale profonde dont il est atteint constitue un obstacle majeur. « Le plus haut niveau de compétition, pour nous, ce sont les Deaflympics [Jeux olympiques des sourds]», a-t-il expliqué au Monde, mi-mars, par le biais du bloc-notes de son smartphone.
Grâce ou à cause du Français Eugène Rubens-Alquet – surnommé le « baron de Coubertin sourd » –, fondateur, un mois après les Jeux olympiques de Paris 1924, des premiers Jeux internationaux silencieux, les sportifs sourds évoluent depuis un siècle dans un entre-deux athlétique. Attachée à son indépendance et soucieuse de ne pas être invisibilisée, leur communauté n’a jamais souhaité s’associer aux Jeux paralympiques (dont l’origine remonte aux Jeux de Stoke-Mandeville, apparus au Royaume-Uni en 1948).
Issu d’une lignée de sourds-muets – « Quatre générations du côté de [sa] mère et trois du côté de [son] père » –, Brady Perry n’a longtemps vu dans la pratique de l’athlétisme qu’un moyen d’acquérir la vitesse et l’endurance indispensables à la carrière de footballeur américain dont il rêvait. Mais, à 17 ans, un entraîneur national repère ses chronos lors d’une compétition nationale scolaire. Trois mois plus tard, aux 23e Deaflympics d’été de 2017, à Samsun (Turquie), il était flashé en 50 secondes en demi-finales du 400 m. « A deux centièmes d’une qualification pour la finale », écrit-il, fièrement. Il se jure alors de « gagner une médaille aux vrais Jeux olympiques, car la surdité n’est pas un handicap physique ».
Devenu membre de l’équipe d’athlétisme de l’université Gallaudet dans la ville de Washington, unique campus au monde réservé aux sourds et malentendants, où il étudiait l’éducation physique, il fait « un peu trop la fête » et souffre de blessures récurrentes. Quand la pandémie de Covid-19 s’installe, en 2020, son dessein olympique se ravive. Il reprend l’entraînement, seul.
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